Gabrielle et moi avons eu la chance de participer à un cours 101 sur le merveilleux monde des sakés mardi 17 octobre dans les salles de conférence au 6e étage de l’Institut de Tourisme et d’Hôtellerie du Québec.
En effet, M. Dominique Grandemenge, représentant des produits Masumi chez Myasaka Brewing Company, nous a expliqué les étapes de la fabrication, les éléments importants de la composition d’un saké de qualité, les grandes différences entre les types de saké, ainsi que le service, la conservation et quelques termes spécifiques.
Entre la bière et le vin, le saké est composé d’eau de source pure, de levures, de koji, et riz à saké.
Les maisons de saké japonaises sont toutes situées près d’une source d’eau puisqu’il en faut beaucoup pour la production et, comme la vodka, plus l’eau est pure plus le produit final le sera aussi.
Comme le vin, plusieurs levures sélectionnées ou dans de rares cas, indigènes, peuvent être utilisées. La no.7, trouvée chez Masumi, semble donner d’excellents résultats puisqu’elle est résistante au froid et révèle des arômes délicats.
Le koji est un champignon (comme pour le Sauternes) qui se développe dans un environnement contrôlé, chaud et humide. Il est inoculé par des professionnels sur une petite quantité de riz afin de transformer, comme la bière, l’amidon en sucre afin que les levures puissent à leur tour le transformer en alcool.
Le riz à saké, différent du riz de table par sa grosseur et par son goût, est préféré à d’autre pour sa contenance en amidon qui est situé bien au centre du grain.
Pour fabriquer cet excellent produit qu’est le saké, le grain doit être poli afin d’enlever plus ou moins de la couche extérieur qui apporterait un certain côté rustique au saké. C’est aussi le degré de polissage qui distinguera un grand saké de qualité d’un produit fait en quantité. Plusieurs mentions peuvent être ajoutées dépendamment si, après le polissage on filtre ou non, on ajoute de l’alcool ou pas, on produit le saké d’une façon traditionnelle ou plus moderne.
Prenons par exemple quelques mentions retrouvées sur les étiquettes indéchiffrables pour les non initiés :
Daiginjo (extra) veut dire que le grain de riz a été poli au minimum à 50% de son poids initial.
Ginjo (supérieur) a été poli entre 40 et 49% de son poids initial
Futsushu (standard) a été poli entre 30 et 39% de son poids initial
Junmai veut dire qu’aucun alcool de distillation n’a été rajouté après fermentation. Un peu d’alcool de distillation est parfois ajouté, même pour les meilleurs Daiginjo, afin de faciliter le passage des arômes au pressurage.
Honjozo veut dire qu’un peu d’alcool de distillation a été ajouté mais doit être noté sur l’étiquette avec la mention. Le grain de riz aura été poli à plus 30% de son poids initial. Le terme n’est jamais utilisé avec Ginjo ou Daiginjo.
Karakuchi veut dire sec, dont presque sans sucre résiduel.
Nigori veut dire peu filtré.
Niveau service, M. Grandemenge nous recommande de servir le saké dans une coupe à vin afin de mieux révéler les arômes de celui-ci. La température, quand à elle, dépend du type de saké. Généralement, en présence d’un Daiginjo ou d’un Ginjo, il sera préférable de le servir froid afin de révéler ses notes plus délicates. Pour une mention Junmai, ou Honjozo, on le servira soit froid, frais, tiède ou chaud. La température choisie sera en fonction de vos goûts personnels et de la connaissance du produit. Super test à essayer à la maison servez vous côte à côte un verre de saké froid et un verre de saké chaud et notez les différences entre les deux. Pour réchauffer votre saké, il est préférable de le faire au bain-marie. La température idéale du saké tiède/chaud se situe entre 35-50 degrés Celsius (généralement une mention à cet égard est écrite sur la contre étiquette). Bien sûr, dans le cas d’un saké servi plus chaud que la température de la pièce, il est recommandé de laisser de côté les verres à vin et de plutôt utiliser son gobelet ou tasse à thé. Si vous préférez en tout temps votre saké chaud, plusieurs boutiques dans le quartier chinois ou même chez Alambika vous offriront de belles options (https://alambika.ca/products/sake-set). Comme le bon vin, il ne faut le servir ni trop froid (minimum 10 degrés Celsius) pour ne pas camoufler tous les arômes ni trop chaud afin de révéler ses petits défauts.
Nous avons dégustés cinq excellents produits en accords avec de petites bouchées.
- Sanka, Junmai Daiginjo, Masumi 16%
Plus ou moins aromatique, aux notes subtiles de bananes et de fleurs blanches, style fleur d’oranger, mie de pain, un peu d’iode et impression minérale. En bouche, le produit est très frais, délicat, long et les saveurs reflètent le nez. L’accord avec la coque de macaron rouge, fromage à la crème avec basilic et tomate confite était superbe autant avec ce saké qu’avec le deuxième. Le premier faisait ressortir le côté frais de la tomate et le côté plus aromatique de la tomate confite. Le deuxième faisait ressortir plus le côté végétal du basilic mais aussi sa fraîcheur.
- Karakuchi Kippon, Junmai Ginjo, Masumi 15%
Relativement aromatique sur des notes fraîches d’olive, de feta, de poire asiatique et de mie de pain grillée. En bouche, il est riche quasi huileux avec une belle touche d’amertume en fin de bouche. L’accords sur l’œuf de caille poché et tartinade de truffe sur pain brioché et pomme fraîche était très bien. Toujours un accord difficile à faire avec le jaune d’œuf. C’était surprenant!
- Hiyaoroshi, Junmai Gingo Yamahai, Masumi 15%
Ressemble beaucoup au vin fait de Riesling. Assez aromatique sur des notes de bananes mûre, d’algues, de fleurs, de citron meyer, de fruit de la passion et de gazon frais coupé. La bouche est très fraîche, relativement riche, toujours sur des notes végétales et fruitées. L’accord était bien avec le chips de chou kale.
- Tokusen, Honjozo, Masumi 15%
Note de chair de langouste/pétoncle donc frais et iodé. Finale un peu courte mais belle attaque en texture. Bel accord sur le tataki de canard à la japonaise, purée de cœurs de palmier vanillée. La purée faisait ressortir le fruité et la vanille du saké.
- Okuden Kanzukuri, Junmai, Masumi 15%
Nez très discret puisque servi tiède dans un petit gobelet en céramique très ouvert. En bouche, le produit est texturé mais peu aromatique. Très agréable et réconfortant. L’accord avec le foie gras était un peu décevant niveau aromatique. L’accord avec l’amertume du chocolat noir de la brochette de fruits et le saké étaient, par contre, très intéressant.
Une visite sur le superbe site web de Masumi s’impose pour en apprendre plus et voir des vidéos de la fabrication de saké: https://www.masumi.co.jp/english/
Définitivement, il s’en retrouvera davantage dans mon cellier!