Par Dérek Vaillancourt, sommelier du Blossom à Montréal /
Récit d’un récent voyage de trois mois des sommeliers Dérek Vaillancourt et Anaïs Marchand-Favreau –
Haaa! Les Cinque Terre, les villages colorés, les plages à l’eau claire, les vignes en pergolas à flanc de montagne et les Trofiea au pesto accompagnés d’anchois salés dans l’huile d’olive local. Riomaggiore, Manarola, Corniglia, Vernazza, Monterosso al mare… Tous ces villages m’inspirent relaxation, tranquillité et non-sobriété.
Manarola m’a particulièrement marqué pour les vignes. Il est très facile d’accéder au parcelles directement du village. Nous nous posons pour un Limoncino avant de commencer la légère ascension entre les vignes en pergolas des différents cépages indigènes comme le bosco (plus planté) et le vermentino, mais aussi l’albarola, la rossese bianca, le piccabon, le fratepelato, le galetta, le barbarossa ou le bruciapagliai… en blanc. Pour le rouge, nous sommes plus familier avec le cannaiolo, mais nous retrouvons également le bonamico et le ciliegiolo ainsi que des cépages internationaux. Sur l’ensemble de la DOC Cinque Terre, c’est au plus 100 hectares et 23 producteurs, dont beaucoup vendent à la Coop, qui produit plus de la moitié de l’appellation. Partout dans les Cinque Terre , nous pouvons également déguster du DOC Colli de Levante et Colli di Luni, appellations voisines au nord du parc des Cinque Terre. Il ne faut pas oublier de mentionner le fameux sciacchetrà, vin doux à base de Bosco, fait de raisins passerillés au soleil et à l’air marin. Nous le retrouvons dans toutes les enotecas, ainsi que dans certaines gelaterias en format glacé mmm… Manarola est également reconnu pour ses treninos dans les vignes, petits monorails qui permettent de transporter la vendange des parcelles escarpées jusqu’au chai.
Mais alors on boit quoi après une journée de marche dans les vignes ? Il faut prendre la route vers Campiglia, dans les sommets de la Spezia. Petit village dans les nuages entre les Cinque Terre et la vallée de Carrara. Quand il est impossible d’avoir une plus belle vue au monde, Walter de Battè devrait être dans les parages, dans son chai plus qu’ordinaire (mais ce qui en sort est plus qu’extraordinaire), avec cinq bouteilles à la main et un peu de focaccia. C’est sans dire que la dame du village, Velma nous a conduit jusqu’au domaine, dans ce village de 131 ou 132 habitants (j’espère que Velma a retrouvé son chemin), où toutes les routes mènent nul part.
Trois blancs et deux rouges, un Italien pur et dur et deux québécois qui parlent autant italien qu’un serveur du portovino à Brossard. C’est comme ça que nous découvrons les vins de Walter, sous la bannière PRIMA TERRA. Ce bon vivant travailla un peu partout en Italie avant de ‘’s’installer’’ dans le village de Campiglia.
Walter concocte ses vins blancs de façon méditerranéenne, c’est-à-dire que les raisins blancs vont toujours faire une légère macération pelliculaire (de quelques jours) avant la fermentation. Cette technique eu pour effet de le sortir du DOC Cinque Terre, car l’appellation interdit toute coloration visuelle des vins blancs, mais également de rendre ces vins vachement plus intéressant que tout ce qui se fait sur Manarola et Riomaggiore comme vin à touriste. On parle ici de vieilles vignes de vermentino pour la cuvée Carlaz, d’une salinité qui rappelle la première saucette à la mer quand on a cinq ans et que papa cri de fermer la bouche dans les vagues, et d’assemblage de vermentino, bosco et albarola du village de Manarola sur la cuvée Harmoge. Walter nous expliqua également que le bosco et l’albarola (deux cépages indigènes de la région), apportent toute la complexité aromatique dans le vin, tandis que le vermentino dit teso / tendu, apporte une acidité noble et le caractère salin. Très intéressant de voir un vigneron (doit-on dire que sa famille est de Montpellier) travailler les cépages locaux et non-locaux également sur des cuvées comme l’Altrove 2014-2015, assemblage de deux annetta, car 2014 était à en faire faillite et 2015 à laver sa vaisselle au vin… Cette cuvée, qui appartient à 100% à Walter, est issue d’un assemblage fou de vermentino, bosco et albarola (fermenté ensemble) et de roussanne et marsanne (fermenté… ensemble) avec une macération de 7 jours. Comme quoi en fait Walter ne connais pas le vin blanc cristallin mais seulement le vin or paille plein de profondeur, d’amers nobles et de complexité.
Déjà bien avancé dans notre dégustation, nous pratiquons notre italien quand Walter sort alors deux bouteilles de rouge. Les rouges de Prima Terra sont un peu moins typiques de la région. Le domaine propose deux assemblages, Cericò et Tonos. Le Cericò reflète les origines de Walter, car c’est un assemblage de Grenache et de Syrah (Grannaccia et Sirah) issue de souches de la vallée du Rhône. Ce vin est issu de raisins du village de Riomaggiore dans les Cinque Terre , avec vieillissement en fût de Slovénie usagé. Finalement, le fameux vin Tonos ,et je cite Walter: ‘’Italie is Chaos’’ … Sangiovese, Canaiolo, Merlot, Cabernet sauvignon, Ciliegiolo et Vermentino nero, en complantation… Comme quoi les cinq générations qui sont passées par cette parcelle n’avaient pas tous les mêmes goûts et visions.
Les vins de Walter de Battè sont disponibles via l’agence : Le vin dans les voiles. Santé !
Entre Levanto et La Spezia, les Cinque Terre font partie des plus belles régions d’Italie. Il s’agit de cinq villages médiévaux qui dégringolent vers la mer, dos aux pentes escarpées, ou blottis au ras de collines sculptées de terrasses en étages. Leurs noms : Monterosso al Mare, Vernazza, Corniglia, Manarola et Riomaggiore. Inscrits au patrimoine de l’Unesco, les villages des Cinque Terre doivent se découvrir à pied en empruntant les sentiers de randonnée qui les relient les uns aux autres.
Laisser un commentaire